mercredi 30 mai 2012

Nelly ZIN – 3 euros par jour

Nelly ZIN – 3 euros par jour
(Nelly Zin, 27 ans, 2 enfants, 3 euros par jour pour nourrir sa famille)


Ce témoignage, nous dévoile une réalité difficilement acceptable dans notre société actuelle, celle des « nouveaux pauvres ».
Une histoire banale, un peu trop, peut-être, qui retentie comme un signal d’alarme.
Pas de grande littérature dans ce récit, mais une réalité décrite simplement,  sans fioritures, pour nous rendre compte d’un quotidien difficile, d’un combat injuste et révoltant.
Nelly raconte sa descente aux enfers sans langue de bois : elle a certainement fait des erreurs, piégée par  une société de consommation opulente et peu scrupuleuse, mais elle les assume.
Une séparation difficile, des emplois précaires, des dettes et un crédit révolving souscrit sur les « bons » conseils d’un banquier, et la voilà happée dans un engrenage sans fin : trouver du travail et gagner de l’argent. Pour cela, elle doit faire garder ses deux petites filles. Mais sans emploi, pas de place en crèche ….
Elle s’efforce de rester digne, tentant tant bien que mal d’épargner ses enfants. Jugée, dévalorisée, isolée, elle doit sans cesse rendre des comptes pour « mériter » les aides sociales qui lui sont accordées. Des comptes, qui toujours, rythment  sa vie de mère célibataire, des calculs sans fin, qui sont autant de petites économies et de  privations, pour juste réussir à aller à l’essentiel : survivre.
Un récit poignant, une mise en garde, comme pour nous rappeler que tout cela n’arrive pas forcément qu’aux autres …


jeudi 10 mai 2012

Comment je suis devenu stupide – Martin PAGE

Antoine, particulièrement très intelligent, assume mal ses capacités intellectuelles. A tout le temps réfléchir sur tout, il ne prend pas le temps de vivre et de profiter. Il souhaite une vie des plus normales, à l’image d’un certain conformisme  ambiant : consommer et avoir des intérêts aussi parfaitement conventionnels que médiocres.
Il décide alors de devenir alcoolique pour ne plus avoir à penser. Mais il ne supporte pas l’alcool. Après une tentative de suicide ratée, il décide de devenir « un imbécile heureux ».
Pour y arriver, il délaisse sa singularité pour devenir un ersatz de « beauf lambda ». Il trouve un travail dans la bourse, adopte les codes de l’entreprise, gagne de l’argent, le dépense pour meubler son nouvel appartement, s’achète des vêtements de marques, fréquente les endroits à la mode ….
Mais son personnage-de-monsieur-tout-le-monde ne plaît guère à ses amis …..
 

Mon avis
Véritable conte moderne, cet excellent livre dénonce avec humour les travers de notre société de consommation et du prêt-à-penser. L’auteur s’amuse à dépeindre (ridiculiser) l’uniformisation des comportements et des valeurs qui nous sont dictées par la mode, le pouvoir, l’argent.
Dans un style poétique et imagé, superbement bien écrit, l’auteur nous fait prendre conscience de la faiblesse des civilisations modernes et occidentales et nous amène à réfléchir sur le véritable sens du bonheur.

samedi 5 mai 2012

La religieuse - DIDEROT

Suzanne Simonin, sous la pression d’un chantage affectif de sa mère, est contrainte  de prononcer ses vœux au terme de son noviciat. Mais la jeune fille, bien que sincèrement croyante, n’a pas la vocation. Dans la communauté des Clarisses de Longchamp, elle reçoit le soutien de la supérieure de Moni, à qui elle restera attachée bien après sa mort.
C’est avec l’arrivée de la nouvelle supérieure que ses difficultés prendront de l’ampleur. A l’aide de son avocat, la religieuse entreprend des démarches pour rompre ses vœux. Mais la mère supérieur ne l’entend pas cette oreille et décide de lui faire subir un véritable harcèlement physique et morale. Privations, châtiments, humiliations, et exclusion,  les pires sévices lui sont infligés par la communauté toute entière.
Malgré la perte de son procès, elle obtient son transfert au couvent Sainte-Eutrope. La nouvelle supérieure, d’une frivolité et d’une sensualité exacerbée,  tente de la séduire par tous les moyens, en nouant des relations ambiguës avec elle. Profitant de son innocence et de sa chasteté, elle ira même jusqu’à l’initier aux plaisirs de la chair. Mais devant les réticences de sœur Suzanne, la supérieur tombe dans la folie et en meurt.
Epuisée moralement, Suzanne s’enfuit du couvent. 
Ce récit, sous forme de mémoires, écrit à la 1ère personne, s’adresse au marquis de Croismare dont  la jeune religieuse sollicite l’aide. A la fin de l’histoire, on comprend que Suzanne vit dans la clandestinité.
L’univers confiné du cloître accentue l’ambiance kafkaïenne des aventures de cette religieuse. La sérénité de vie monacale laisse place aux dérives incompréhensibles d’une communauté. C’est également avec un certain humour, que l’auteur dépeint les mœurs légères de la dernière supérieure face à la naïveté de Suzanne. L’œuvre de Diderot dénonce la vocation religieuse dans ses excès et défend la liberté des choix de chacun. 




Un témoignage plus récent et similaire : 



Il y a quelques années, Marie Rousseau entre au couvent. Elle a choisi de vivre cloîtrée, chez les clarisses, ordre contemplatif fondé par sainte Claire et saint François d'Assise.
La pauvreté, le froid, les durs travaux, les privations et même les brimades injustifiées, elle les accepte. Elle prie et obéit à la règle. Pourtant, malgré les indéniables côtés lumineux de sa nouvelle vie, Marie ne peut en admettre la face d'ombre. Pourquoi ne l'autorise-t-on pas à étudier la théologie ? Pourquoi ces pratiques de mortification comme l'auto flagellation ? Comment se résigner devant l'hypocrisie ou, pis, le manque de charité dont l'abbesse, elle-même, incarne parfois des exemples atterrants ? Marie lutte, tente de discuter, souffre. Et pour finir décide, au terme de deux ans, de revenir à la vie profane. Amour et cruauté, foi et pharisianisme, intelligence et obéissance aveugle, Marie Rousseau nous raconte l'un et l'autre d'un ton mesuré, avec la volonté dé comprendre, jamais celle d'accabler. Et l'on se demande à la lire si, hors les vocations forcées, les choses ont changé depuis les siècles passés.